La pêche est le secteur d’activité le plus accidentogène en France. En 2020, on a compté en moyenne 75 accidents pour 1000 marins et 6 pêcheurs sont décédés suite à un accident du travail, selon les dernières statistiques de l’Institut Maritime de Prévention (IMP). La filière Pêche représentait 79% des accidents maritimes en 2020. C’est pourquoi la sécurité est un dossier suivi avec la plus grande attention par le Comité des Pêches.
En la matière, le CDPMEM 56 participe avant tout à la prévention des accidents et à l’amélioration des conditions de sécurité à bord des navires de pêche. Dans ce cadre il assure une veille réglementaire afin de connaître les nouvelles normes en matière de sécurité (que ce soit sur le contrôle de l’amiante à bord, les obligations d’affichage à bord d’un navire, les types de gilets de sauvetage réglementaires…) et d’en informer les pêcheurs au besoin. Dans ce type d’action rentre également le suivi des rapports du BEAmer (Bureau d’Enquêtes sur les Evénements de Mer) rédigés après chaque accident maritime.
Le CDPMEM 56 accompagne également les professionnels dans la mise en œuvre de nouvelles réglementations. Ainsi la Division 226 -qui réglemente les obligations de sécurité sur les navires de pêche de 12 à 24 mètres- a-t-elle été modifiée en 2020 afin de récupérer rapidement, quelles que soient les conditions météo, une personne tombée à la mer. L’IMP et les Comités des Pêches bretons vont assister les professionnels dans l’identification du matériel nécessaire (déjà à bord des navires ou à acquérir) et dans son déploiement.
Toujours en matière d’information et de communication, le CDPMEM 56 relaie auprès des professionnels les fiches conçues par l’IMP sur des sujets concrets : quel casque de protection pour les marins-pêcheurs professionnels, prévenir les accidents de travail à bord des caseyeurs, se protéger du bruit à bord des navires de pêche…
Enfin le CDPMEM 56 participe à des projets à long terme, tel que le programme PRECADEM qui vise à lutter contre les addictions dans le secteur de la pêche. Un programme mené en commun avec l’IMP, l’Observatoire Régional de Santé, l’Inspection du travail (DREETS), les régions Bretagne et Pays de la Loire et les Comités des Pêches de ces régions. D’autres structures publiques (comme la DIRM-NAMO ou le Service social maritime) et des associations de lutte contre la toxicomanie suivent également cette initiative. De même, le CDPMEM 56 a-t-il initié le programme SECUBORD dont l’objectif est de concevoir des exercices pratiques pour que les équipages sachent bien réagir en cas d’incendie à bord, de chute d’homme à la mer et d’abandon de navires.
Les chutes à la mer étant la première cause de mortalité chez les marins, une nouvelle réglementation a été adoptée le 1er avril 2020, qui impose aux professionnels travaillant seuls à bord de leur navire d’être équipés d’une balise individuelle de type MOB AIS-ASN (Man Over Board) afin de signaler leur chute à la mer (fonction ASN) et de faciliter leur repérage par les secours (fonction AIS). Dans ce cadre, le CDPMEM 56 a initié en 2018 -en coopération avec les autres Comités des Pêches bretons- le projet MOBIDIQ pour faciliter l’acquisition par les pêcheurs d’une balise individuelle de géolocalisation intégrée à leur gilet de sauvetage (ou VFI pour Vêtement à Flottabilité Intégrée).
Le système fonctionne de la façon suivante : si le pêcheur tombe à la mer, son VFI se gonfle automatiquement, ce qui a pour effet de déclencher la balise de géolocalisation. Le pêcheur a alors 10 mn pour stopper l’alarme à bord afin de prévenir toute intervention abusive des secours (suite à un déclenchement accidentel du VFI par exemple). Au bout de 10 mn, si l’alarme n’est pas stoppée, l’alerte est envoyée au CROSS (Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage) et à tous les navires alentours qui mettent alors en œuvre les secours. La balise individuelle de géolocalisation permettra aux secours de retrouver beaucoup plus vite le naufragé.
Pour mener à bien ce projet MOBIDIQ, le Comité Départemental des Pêches Maritimes du Morbihan a collaboré avec un industriel afin de trouver l’équipement le plus adapté. Il a informé les pêcheurs de l’évolution de la réglementation et de l’intérêt de disposer d’une telle balise de géolocalisation. Puis il a mobilisé des financeurs (en l’occurrence la Région Bretagne et France Filière Pêche), ce qui a permis aux pêcheurs volontaires d’être équipés gratuitement. La société Ferme Eolienne Flottante de Groix & Belle-Île a financé deux postes en CDD pendant l’été 2018, qui sont allés à la rencontre des pêcheurs pour leur expliquer le projet. Enfin l’IMP et le CDPMEM 56 ont organisé la formation à l’utilisation de ce nouveau dispositif.
MOBIDIQ a ainsi permis d’équiper gratuitement 241 navires et 375 pêcheurs bretons. Un vrai progrès en termes de sécurité et de prévention des noyades.