Raisonner filière

Conséquence du Brexit, le Plan d’Accompagnement Individualisé (PAI) -un terme poli pour désigner un plan de sortie de flotte- a été annoncé au mois de février. Plusieurs navires lorientais sont concernés. Ceux qui pensent que la casse est limitée, que trois ou quatre navires sur 110 immatriculés à Lorient c’est peu, se trompent lourdement. Certes la situation est moins grave qu’au Guilvinec, par exemple, où davantage de navires sont éligibles au PAI. Mais que des navires quittent les quais n’est jamais une bonne nouvelle. A fortiori quand ils représentent plusieurs milliers de tonnes d’apports.

Aujourd’hui tout est interconnecté, et il est impératif de raisonner filière. Ce PAI Brexit n’impacte pas que les pêcheurs à Lorient, mais toute la filière aval. Les premiers acheteurs (mareyeurs et poissonniers), les transports frigorifiques, les entreprises de logistique, la réparation navale… risquent aussi d’en faire les frais. Il ne faut jamais oublier qu’un pêcheur en mer génère 4 emplois à terre. En 2022, Lorient reste le premier port de pêche de l’Hexagone en valeur. Cette première place est largement le résultat de votre travail, et je tiens à vous en féliciter. Mais il ne faut pas baisser la garde : Lorient doit rester sur la première marche du podium dans les prochaines années malgré la menace que représente le PAI Brexit. Là encore il y va de l’intérêt de toute la filière Pêche.

Il faut non seulement raisonner filière, mais aussi raisonner Europe. Au XXIème siècle, on ne peut pas défendre la pêche professionnelle en ne considérant que sa seule zone de capture. Le PAI Brexit va également entraîner une réduction de la flotte en Irlande, aux Pays-Bas, en Ecosse. Il ne faut pas s’en réjouir, mais au contraire s’en inquiéter. Car les conséquences se feront aussi sentir indirectement en Bretagne et dans le Morbihan. L’accord du Brexit avait rassuré au moment de sa signature, le 24 décembre 2020. Il avait au moins le mérite de mettre des règles à la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne. Mais c’est un mauvais accord, qui exige une clause de revoyure dès 2026. D’où des nouvelles négociations en perspective, certainement difficiles et chronophages. Sur ce dossier comme sur les autres, vous pouvez compter sur moi pour défendre l’ensemble de la filière Pêche professionnelle. Car au plan de sortie de flotte, je préfèrerai toujours les plans d’entrée de flotte.

 

Olivier LE NEZET

Président du CDPMEM 56