La directrice de la DG MARE en visite en Bretagne

A l’initiative de Blue Fish et du Comité Régional des Pêches Maritimes de Bretagne, Charlina Vitcheva, directrice de la DG MARE (la direction générale des Affaires maritimes de l’Union européenne) s’est rendue en Bretagne, les 22 et 23 mai, afin de rencontrer les acteurs des filières Pêche et Conchyliculture. Un périple commencé à Lorient par la visite d’Ifremer, puis d’ID-Mer, avant de découvrir la criée du port de pêche de Kéroman, un atelier de mareyage et de tenir une réunion avec les acteurs de la filière Pêche.

Après Lorient, Charlina Vitcheva s’est rendue à Brest où elle est montée à bord du Blue Wave, un chalutier à la motorisation hybride qui appartient à Jean-Baptiste Goulard, avant de visiter le Centre de Recherche Appliquée de BreizhMer (à Porscave) et de rencontrer des représentants de la conchyliculture et du mareyage. La directrice de la DG Mare a fini sa visite en Bretagne par la découverte d’Algaïa, une usine de transformation d’algues située à Lannilis. Elle a également participé le lendemain (mercredi 24 mai) aux Journées Européennes de la Mer, à Brest.

Lors de la réunion de Lorient, les représentants de la filière Pêche professionnelle ont exprimé leur inquiétude face au plan d’action présenté par la Commission européenne, qui prévoit notamment l’interdiction des engins mobiles de fond dans les aires marines protégées d’ici 2030. S’il était appliqué, ce plan d’action menacerait la survie de nombreux armements bretons. Ils ont également regretté que les armements obligés de se séparer de navires suite au Brexit ne puissent pas en acquérir de nouveaux pendant cinq ans. Enfin certains ont exprimé le sentiment que les Ong environnementales avaient davantage l’oreille de la Commission européenne que la filière Pêche dont l’activité contribue pourtant à la souveraineté alimentaire. « La pêche doit rester une activité nourricière. Or aujourd’hui, au nom de la protection de la biodiversité, vous nous privez de zones de pêche. Si on interdit le chalutage, les apports vont s’effondrer et de nombreux ports bretons devront cesser leur activité. Je ne comprends pas ce dogme anti-chalut », s’est ainsi ému un armateur. Pour Olivier Le Nézet, président du Comité Départemental des Pêches Maritimes du Morbihan et du Comité National des Pêches : « Les pêcheurs ne sont pas récompensés des efforts qu’ils mènent depuis des années en faveur d’une pêche durable. Nous ne sommes pas responsables de la pollution maritime. Nous sommes consultés par la Commission européenne mais pas entendus. Cette méthode exaspère certains et peut conduire à des réactions extrêmes ».

Charlina Vitcheva n’a pas nié les tensions provoquées par le plan d’action, mais elle a rappelé qu’il s’agissait d’un projet qui ne s’imposait pas encore aux Etats membres. Comme elle l’a souligné : « Le respect de l’environnement est le meilleur moyen d’assurer la profitabilité du secteur de la pêche, l’un ne va pas sans l’autre. Le changement climatique impose à tous des efforts. Il faut croire en l’innovation technologique pour améliorer la sélectivité des engins de pêche et permettre la décarbonation des navires. Le Plan d’action de la Commission européenne n’est pas définitif, c’est une invitation au dialogue et je suis déterminé à poursuivre mes échanges avec les représentants de la filière. Ce que j’ai vu ici en Bretagne m’incite à l’optimisme ».

Au terme de cette rencontre, chacun s’est donc engagé à poursuivre le dialogue, tout en affirmant rester vigilant quant aux annonces que fera la Commission européenne dans les prochains mois.