La biomasse de coquilles Saint-Jacques en forte baisse en baie de Quiberon

Comme chaque année, le Comité Départemental des Pêches Maritimes du Morbihan a réalisé -en collaboration avec Ifremer- une prospection sur les gisements de coquilles Saint-Jacques classés A et B en baie de Quiberon et dans les coureaux de Belle-Île. L’opération a eu lieu mi-septembre depuis l’Ar Ribler, un chalutier de Quiberon.

Deux dragues ont été utilisées parallèlement pour réaliser ces prospections  : une drague avec des anneaux de 97 mm (conformément à la réglementation en vigueur), une autre avec des anneaux de 50 mm afin de mieux observer les coquilles Saint-Jacques de 1 et 2 ans. 18 traits ont été effectués en zone A et 25 en zone B, d’une durée de 5 minutes maximum.

Les résultats de ces prospections ne prêtent guère à l’optimisme. Dans les deux zones, la biomasse est faible ; c’est même la plus faible biomasse enregistrée depuis 2004, année des premières prospections. En zone A, la densité des coquilles de taille commerciale est de 28 kg par hectare, soit 2,8 fois moins qu’en 2021. En zone B, cette densité est de 46 kg par hectare, soit 1,5 fois moins qu’observé en 2021. Cette faible biomasse est également constatée chez les coquilles Saint-Jacques de taille non-commercialisable (celles de moins de trois ans) : 37 coquilles par hectare en zone A (deux fois moins qu’en 2021) et 34 en zone B (1,5 fois moins). Seule bonne nouvelle : la taille moyenne des coquilles Saint-Jacques commercialisables est élevée, légèrement supérieure à 11 cm dans les deux gisements.

Cette chute de la biomasse de coquilles Saint-Jacques est difficile à expliquer avec certitude. Néanmoins l’augmentation d’année en année de la quantité d’étoiles de mer, puis la prolifération massive des poulpes depuis mai 2021, ont mis à mal les gisements de la baie de Quiberon et des coureaux de Belle-Île, entraînant une prédation importante sur la population de coquilles Saint-Jacques et une perturbation du stock de géniteurs, donc de la reproduction. L’activité de pêche dans ces zones n’est pas en cause. En effet le CDPMEM 56 a adopté des mesures de gestion strictes depuis plusieurs années, notamment un calendrier de pêche réduit, un moindre nombre de pêcheurs et des heures de pêche revues à la baisse. Mais face à la prédation importante des étoiles de mer et des poulpes, ces mesures de gestion rencontrent leur limite.

Cette diminution de la biomasse de coquilles Saint-Jacques n’empêchera cependant pas l’activité de pêche professionnelle cette année. La saison s’ouvrira le 24 octobre pour prendre fin le 30 mars. En effet, peu de professionnels ont demandé une licence de pêche, les semis de naissains ont permis de maximiser le nombre de géniteurs, et certains gisements sont encore préservés. Trois éléments qui permettent de maintenir la saison de pêche. Mais il devient urgent de trouver une solution à ce phénomène de prédation sur les coquilles Saint-Jacques dans le Morbihan. Le CDPMEM 56 y travaille, avec la volonté de sauvegarder et redynamiser la biomasse encore présente de l’espèce.