Des Organisations de Producteurs pour gérer la filière Pêche

Les organisations de producteurs jouent un rôle-clé dans l’organisation de la filière Pêche professionnelle. Pourtant, si les initiales OP sont connues de tous les acteurs du secteur, moins nombreux sont ceux qui connaissent leur rôle exact. Définie par le Code rural et des pêches maritimes et par la réglementation européenne, la mission des OP est double : gérer les droits de pêche de leurs adhérents et contribuer à la bonne organisation du marché.

On compte une vingtaine d’organisations de producteurs en France, regroupées en deux fédérations, l’ANOP (Association Nationale des Organisations de Producteurs) et la FEDOPA (Fédération des Organisations de Producteurs de la Pêche Artisanale). C’est à la première fédération qu’appartient Les Pêcheurs de Bretagne (LPDB) qui, avec 650 navires, 3000 marins et 100.000 tonnes de captures annuelles, constitue la principale OP en Bretagne et dans les Pays de la Loire.

Comme l’explique Jean-Marie Robert, chargé de mission à LPDB : « Adhérer à une OP offre un double filet de sécurité à un pêcheur. Cela sécurise ses droits de pêche, et cela lui permet de bénéficier des différents mécanismes de soutien des cours ». En effet, chaque année les quotas de pêche sont répartis par les pouvoirs publics entre les différentes OP. A celles-ci de décider, espèce par espèce, de n’imposer aucune limitation de capture à leurs adhérents, d’instituer une limite par marée ou d’octroyer une allocation individuelle annuelle de captures en fonction de l’historique du navire, de ses zones de pêche, de l’état de la ressource… « Nous choisissons un outil de gestion ou un autre selon les espèces dans le souci de stabiliser le marché et les prix sur la durée », souligne Jean-Marie Robert. A contrario, un pêcheur non adhérent à une OP risque de ne plus pouvoir capturer une espèce si le quota de celle-ci est déclaré épuisé en cours d’année.

Relevant à la fois de la réglementation européenne et française des pêches, les organisations de producteurs négocient également entre elles la répartition des sous-quotas. « En fonction de l’évolution des flottilles, de la dépendance à une espèce ou à une autre, nous pouvons nous échanger des quotas pour réguler le marché s’il y a trop ou pas assez d’apports. Ne pas discuter entre OP mettrait en péril la pertinence de nos actions », insiste Jean-Marie Robert.

La nouvelle Organisation Commune des Marchés impose aux OP de davantage faire le lien entre armateurs et acheteurs. Ces derniers sont informés des prévisions d’apports des navires par espèce afin de pouvoir pré-vendre ou étaler leurs ventes dans le temps. Et inversement LPDB informe les navires des prévisions de vente des mareyeurs afin qu’ils ajustent leurs captures. « L’idée est de faire tendre l’offre et la demande. Nous pouvons ainsi mieux réguler le marché en amont plutôt que de devoir gérer des crises ensuite », explique Jean-Marie Robert.

Le conseil d’administration de LPDB est uniquement constitué de représentants des pêcheurs adhérents. Ce sont donc les professionnels eux-mêmes qui adoptent les décisions contribuant à la gestion de la filière. L’OP compte sinon une vingtaine de salariés : l’équipe de direction, une cellule marché, une équipe de suivi des criées, des chargés de mission spécialisés par flottille et par espèce… « Pour être efficaces de A à Z, nous devons suivre les avis scientifiques du CIEM, gérer la ressource, comprendre au mieux l’organisation du marché et les ventes en criées, faire entendre notre avis lors des négociations sur les quotas à Bruxelles, négocier avec les autres organisations de producteurs… Ce sont des missions très diverses, parfois dans l’urgence parfois dans l’anticipation, mais toujours au service des pêcheurs professionnels », conclut Jean-Marie Robert.