Coquille Saint-Jacques : une saison morose dans le Morbihan

La saison de pêche des coquilles Saint-Jacques dans le Morbihan a été entachée cette année par l’arrivée d’un nouveau prédateur, le poulpe. Déjà mis à mal par la quantité grandissante d’étoiles de mer depuis deux ans, le stock de coquilles Saint-Jacques a perdu cette année 300 tonnes de biomasse commerciale sur les deux gisements principaux de la baie de Quiberon et des coureaux de Belle-Île. Le stock estimé fin août 2021 (avant l’arrivée massive de poulpes à l’automne) était donc de 258 tonnes en zone A (dans les coureaux) et de 467 tonnes en zone B (en baie de Quiberon). Un an auparavant, ce même stock était de 336 tonnes en zone A et de 604 tonnes en zone B.

Au vu de la baisse de la biomasse, seuls 32 pêcheurs ont renouvelé leur licence pour la saison (contre 44 l’année dernière). Le calendrier de pêche a également été raccourci. Le calendrier décidé fin septembre par la commission coquilles Saint-Jacques du CDPMEM 56 prévoyait l’ouverture des zones principales du 15 novembre 2021 au 15 janvier 2022. D’autres zones de pêche, moins productives (zones C, D et E) prenant alors le relai jusqu’au 31 mars 2022. Malheureusement la campagne a dû être retardée, et le calendrier remanié à cause d’une fermeture sanitaire pour cause de présence de dinophysis pendant 15 jours en novembre 2021.

Avec tous ces désagréments, les statistiques de pêche rendues en avril 2022 par les pêcheurs font état de 150 tonnes de coquilles pêchées (les années précédentes, la quantité pêchée sur la saison se situait entre 250 et 300 tonnes selon les années). Les prix ont été bons jusque mi-décembre, puis sont redescendus entre 3€ et 3,50€. La meilleure zone de pêche en termes de rendement est la baie de Quiberon, moins impactée par les poulpes.

La présence du céphalopode bouleverse la gestion durable effectuée sur ce stock depuis des années (limitation de l’effort de pêche, semis…). Le CDPMEM 56 a donc décidé de ne plus semer de naissains de coquilles Saint-Jacques tant que la présence massive de poulpes menacera le stock. La gestion de l’effort de pêche devient également plus difficile, entre désir de conserver des géniteurs et envie de les pêcher avant que les poulpes ne les mangent.